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Table des matières
Le vol (chute en tête) et l'assurage dynamique
Le vol et ses effets
Voler, c'est chuter au-dessus de la dernière dégaine qu'on a mousquetonnée lorsque l'on grimpe en tête. La hauteur de chute d'un vol correspond à environ deux fois la distance qui sépare le grimpeur de la dernière dégaine dans laquelle il a passé la corde.
La peur du vol est l'un des principaux freins à la progression et au plaisir en escalade. Lorsque l'on a peur de tomber, on a en effet tendance à se focaliser sur la chute, ce qui dégrade la gestuelle et la technique. On est crispé et on serre les prises beaucoup trop fort, ce qui accélère nettement l'apparition de la fatigue. La peur de voler amène également à choisir des voies d'un niveau ou d'un style que l'on maitrise déjà bien, ce qui limite la progression. Elle empêche enfin de se concentrer sur son escalade, d'être serein et de se faire plaisir. Surmonter la peur du vol est donc une étape incontournable et essentielle pour progresser en escalade.
Techniques et conseils pour voler
Bien sûr, il convient comme toujours de bien respecter les règles de sécurité. Par exemple, il ne faut pas sauter de points, ni attraper les parties métalliques du mur ou les dégaines. Il est important aussi de prendre conscience que le vol lors d'un mousquetonnage raté augmente énormément la quantité de corde déroulée et donc la longueur de la chute (pouvant aller jusqu'à entraîner un retour au sol). Il faut donc faire attention à clipper la dégaine dans une position stable, et éviter sauf exception de clipper les dégaines au dessus de la tête. L'idéal est de clipper la dégaine lorsqu'on l'a au niveau des épaules ou des hanches. Il est également préférable de prendre un petit vol plutot que de tenter un mousquetonnage désespéré ou acroabtique pour éviter la chute…
Conseils côté assureur
Assurage dynamique
Afin d'amortir une partie de la force accumulée par le grimpeur lors de sa chute, il faut assurer de manière dynamique : c'est l'élasticité de la corde et le mouvement d'accompagnement de l'assureur qui permettent d'amortir en douceur la chute.
Nous allons présenter ci-après, trois méthodes d’assurage dynamique. La première méthode, brièvement décrite plus haut, consiste à réaliser un petit saut au moment où la corde se tend lors d’une chute. De cette manière, le grimpeur sera progressivement freiner gràce au saut de son assureur. La seconde méthode permet de freiner la chute du grimpeur progressivement en accompagnant la corde avec la main. La troisième méthode s’utilise dans le cas particulier où il y a beaucoup de tirage, et permet d’amortir la chute du grimpeur en effectuant quelques pas vers la paroi.
Enfin, il convient à chacun de se trouver une façon efficace et surtout sûre d’assurer son partenaire de grimpe. Il n’y a pas une méthode type d’assurage dynamique, un mix de plusieurs méthodes peut tout à fait s’envisager à partir du moment où les risques sont mesurés et que la séurité du grimpeur n’est pas remise en cause.
Autres conseils pour l'assureur
Comme dit précédemment, il est important de bien respecter les règles usuelles de sécurité. Par exemple, il ne faut jamais lâcher le brin du bas et bien rester concentré sur la progression du grimpeur.
Pour assurer un vol, il suffit de garder un comportement normal d'assurage.
Organisation d'un atelier vol
Le but de l'atelier vol est :
- pour le grimpeur, d'apprendre les bons réflexes et de s'habituer afin que cela ne soit plus une source de blocage à la progression,
- pour l'assureur, de savoir comment se comporter pour rendre le vol plus sécurisant et agréable pour le grimpeur, maîtriser l'assurage dynamique,
- sensibilisation aux différents dangers liés au vol.
L'atelier peut commencer par une discussion avec les participants pour évaluer leur appréhension de la chute et faire passer les messages rappelés plus haut sur la peur du vol, la nécessité et les moyens de la surmonter.
Pour le bon déroulement de l'atelier vol proprement, il est préférable de choisir une voie verticale ou déversante. On prendra soin d'éviter ou d'enlever les grosses prises et les modules proéminents du couloir de chute.
Il conviendra de rappeler l'ensemble des conseils ci dessus ainsi que les règles de sécurité pour l'assurage (double vérification, corde démêlée, etc). En cas de doute sur les capacités d'assurage de certains participants, il est indispensable de contre-assurer lors des premières chutes.
Pour des grimpeurs qui ont très peur de la chute, voire qui ne grimpent pas du tout en tête, la première étape peut consister à « tomber » en moulinette, juste en s'asseyant dans le baudrier en milieu de voie, et en ajoutant au fur et à mesure un peu de mou dans la chaine d'assurage.
L'atelier commence par des chutes volontaires, au niveau du relais intermédiaire ou de la dernière dégaine. La hauteur de chute est progressive, en commençant par des chutes avec le point au niveau des hanches ou des genoux, selon l'appréhension des participants. Chaque grimpeur réalise 3 chutes successives, si possible de hauteur croissante. Le but est d'arriver assez vite (lors de la 1ère ou 2è série) à une chute avec le point au niveau des pieds.
Après 3 chutes, le grimpeur redescend et échange avec son assureur, en prenant soin de retourner la corde, afin de solliciter l'autre extrémité.
L'animateur doit surveiller le respect des règles de sécurité mais aussi la bonne technique de chutes, en rappelant les principes ci dessus s'ils ne sont pas suivis. Les erreurs les plus fréquemment observés sont :
- se projeter trop fortement en arrière
- fermer les yeux
- rester très tendus ou très passifs pendant la chute
- ne pas amortir le retour sur le mur
L'atelier peut se poursuivre par d'autres exercices. Par exemple : au dessus du point, tenter d'attraper une prise vraiment mauvaise afin de provoquer une chute dans le mouvement (plutôt qu'une chute volontaire), faire une voie de son niveau max ou au delà en s'interdisant de « prendre sec » (pour aller jusqu'à la chute), etc.
Une forme originale d'atelier vol : le clip and drop
Déroulement : Briefing des participants, avec support vidéo si possible, puis mise en œuvre sur le mur. Objectifs : être plus à l’aise avec l’idée de chuter, diminuer la peur du vol, apprendre progressivement à voler propre, maîtriser l’assurage dynamique.
Avant de commencer : faire systématiquement une double vérification. L‘assureur vérifie le nœud d'encordement du grimpeur et le grimpeur vérifie la bonne installation du système d’assurage de son assureur et le verrouillage du mousqueton à vis. Installer sa corde proprement à ses pieds. Faire la parade jusqu’au premier point. L’assureur s’installe sous l’axe de la dégaine pour suivre l’évolution de son grimpeur.
Important : la séance dans son ensemble demande la plus grande vigilance de la part de l’assureur. Ne pas discuter avec ses voisins, suivre son grimpeur des yeux pendant l’ascension. Ne jamais lâcher le brin du bas.
Étape 1 : Choisir une voie facile, grimper en clippant les deux premières dégaines. A partir de la troisième dégaine, clipper la corde et tout lâcher aussitôt (les première fois, vous pouvez regarder votre assureur afin de le prévenir) ! Regrimper et faire l’exercice à chacune des dégaines suivantes jusqu’au relais. Dans un premier temps, le grimpeur doit réussir à lâcher prise et à acquérir progressivement de l'aisance dans la chute et de la confiance (chute en configuration « moulinette » puisque le point vient juste d’être clippé). Cet exercice permet en parallèle à l’assureur de commencer à pratiquer les principes de l’assurage dynamique.
Étape 2 : Choisir une voie facile, grimper en clippant les deux premières dégaines. Mousquetonner la 3ème dégaine, faire un, deux ou trois mouvements et chuter sans prévenir. Regrimper et faire l’exercice à chacune des dégaines suivantes jusqu’au relais. Le but de cette étape est de chuter en mouvement tout en étant au niveau ou légèrement au-dessus de la dégaine. Perfectionnement de l’assurage dynamique pour l'assureur en parallèle.
Étape 3 : Progressivement, on va chercher à dépasser davantage la dégaine avant de déclencher la chute. Le mieux est d’essayer alors de chuter dans le mouvement, en faisant semblant d’aller chercher une prise. Essayer de monter de plus en plus haut. Varier les situations de chute. L’assurage dynamique doit être acquis.
Ne passer à l’étape suivante quand l’étape en cours est maîtrisée. Chacun avance dans les étapes suivant la gestion de ses propres peurs, suivant son propre rythme. C'est par la répétition de chacune de ces étapes que la peur de voler diminue peu à peu.
Pour aller plus loin : Choisissez une voie plus difficile, essayer de ne pas demander sec. A vous de provoquer la chute, soit par surprise, par fatigue, suite à une difficulté rencontrée dans la voie… Autre possibilité faire puis assurer un gros vol (par exemple en chutant du relais sur la dernière dégaine ou en sautant une dégaine dans le grand dévers).
Pour en savoir davantage sur le vol et la technique du “clip-drop”: http://www.ukclimbing.com/articles/page.php?id=1838
Petit lexique autour du vol
Dynamique : un assurage dynamique est un assurage qui accompagne la chute pour amortir celle-ci. Donne du confort au vol. Permet de diminuer la force de choc.
Engager, engagement : Quand le grimpeur se trouve au-dessus du dernier point clippé, quand tout retour en arrière devient impossible, on dit aussi grimper entre les clous. Une voie engagée, équipée “ aérée ” est généralement une voie qui laisse des souvenirs.
Exposé : La voie (ou le passage) de par son équipement obsolète, point mal placé qui rend un vol potentiellement dangereux avec la proximité d’une vire, d’une arête ou d’un retour au sol possible.
Facteur de chute : Le facteur de chute détermine la dureté d’une chute : plus il est élevé, plus la chute est dure. Sa valeur, comprise entre 0 et 2 en conditions d’escalade, se calcule en divisant la hauteur de chute par la longueur de corde utilisée. La dureté de la chute n’est pas fonction de la hauteur de chute mais de ce rapport, car plus la longueur de corde est grande, plus elle peut s’allonger pour amortir la chute.
Force de choc : La force de choc est l'impact que va encaisser un grimpeur à la fin d'une chute. La force de choc dépend : de la hauteur de la chute, de la longueur de la corde disponible pour absorber l’énergie de la chute, du poids du grimpeur, du poids de l’asureur, des performances de la corde au niveau de l’absorption de l’énergie. Cette valeur diminue avec un assurage dynamique.
Peur du vol : Sachez qu’une voie d’escalade n’est validée qu’en tête. La peur du vol fait partie des facteurs limitant. Difficile d’appréhender la chute. Le mieux pour démystifier la chute est de faire une école de vol. De prendre en compte ce facteur, qui est souvent la clé de la réussite ou de l’échec, de manière progressive.
Sécher : assurage non dynamique qui bloque net la chute du grimpeur au lieu de l'amortir.
Vol, voler : c'est une chute d'un grimpeur qui grimpe en tête, qui se calcule a partir du denier point clippé, multiplié par 2, plus la dynamique de la corde, augmenté du poids du grimpeur…