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Ouverture de voies

Les voies présentes sur le mur ne sont pas figées, elles sont appelées à être renouvelées pour des raisons sportives (maintenir l'intérêt du mur, proposer de nouveaux défis) et pratiques (les prises se salissent et s'usent inexorablement et il faut les laver périodiquement).

Nous avons la chance d'être responsable de notre terrain de jeu et de pouvoir ouvrir des voies sur le mur. L'ouverture de voie ne doit pas être vue comme une corvée mais comme une activité à part entière, exigeante mais enrichissante.

L'ouverture de voie consiste à visser les prises sur le mur afin de créer de nouvelles voies. Elle est accessible à tous, quel que soit votre niveau. En effet, il est a priori possible d’ouvrir des voies jusqu’à deux lettres au-dessus de son niveau max (ce n’est pas grave de ne pas pouvoir enchaîner la voie, du moment qu’on peut tester les mouvements).

Ce guide décrit les principales étapes de l’ouverture de voie et fournit quelques astuces pour monter autant que possible des voies intéressantes. Les règles de sécurité de base y sont aussi développées.

Quelques règles de sécurité à respecter

L'ouverture de voies n'est pas plus dangereuse que la grimpe elle-même. Il suffit de garder quelques principes en tête :

Quel matériel ?

« Pas de bon ouvrier sans de bons outils » dit le proverbe… Ouvrir des voies nécessite un peu de matériel. Il s'agit de matériel standard d'escalade, que vous connaissez probablement déjà. Toute cette quincaillerie est nécessaire pour :

En somme, au-delà de votre matériel habituel de grimpe, il vous faut, pour être à l'aise :

La malle « ouverture de voie » à Roc 14 contient une grande partie de ce matériel. N’hésitez pas à le demander aux responsables.

L’astuce ! Il est utile d’avoir une caissette ou un petit carton dans le cabas pour y mettre les vis et petites prises de pied, afin de ne pas avoir à fouiller pour les trouver.

Quelle voie ouvrir ?

Il est possible de compter uniquement sur l’inspiration pour ouvrir une voie, mais rares sont ceux qui peuvent s’en contenter. Aussi, en respectant quelques principes de base, on a beaucoup de plus de chance d’ouvrir une voie intéressante et agréable à escalader.

Il s’agit de répondre à quatre principales questions dans l’ordre.

1- Quel est le public ciblé ?
Il est indispensable de savoir pour quels grimpeurs on ouvre la voie : quel niveau, quel âge (enfant / adulte)…

2- Quel sera le thème de la voie ?
Le thème d’une voie est son « fil conducteur ». Ce peut être un type de préhension des prises (réglettes, trous, gros bacs, pinces…), un type de mouvements (dülfer, pied/main, jeté…), un type d’effort (résistance / continuité, voie à doigts / voie à bras…).

Le thème peut aussi être une séquence particulière que l’on souhaite mettre en place. La voie est ensuite construite autour de cette séquence.

Pour cela, il ne faut pas hésiter à repenser à ce qui vous plait en falaise et s’en inspirer.

3- Sur quelle configuration de mur ?
Le mur de Roc14 offre de très nombreuses configurations (dalle, dièdre, piliers, dévers…) qui sont autant d’atouts à valoriser. De plus, les volumes enrichissent ces configurations. Il s’agit donc de choisir la configuration qui vous intéresse et permettra de répondre au thème de la voie.

4- Avec quelles prises ?
Le choix des prises découle généralement de ce qui précède. Il reste ensuite à en choisir la couleur et la forme.

Pour la couleur, il faut prendre garde à éviter les risques de manque de lisibilité. La couleur ne doit pas être trop proche de celle d’une autre voie du couloir choisi (rose / rouge, beige / gris…). Il faut aussi éviter de prendre la même couleur que celle d’une autre voie proche du couloir choisi (il n’est pas agréable de se demander si tel pied appartient à notre voie ou à la voisine).

Concernant la forme, l’aspect esthétique est à prendre en compte (certaines prises font plus « envie » que d’autres). Il est ensuite possible de tester la préhension en posant les prises au sol. Et attention à ne pas oublier de prendre des pieds !

Bien sûr, l’ordre de ces étapes peut varier. On est parfois inspiré par des prises, alors pourquoi ne pas monter une voie avec ? L’essentiel est de pouvoir répondre à toutes les questions avant de commencer à monter la voie.

L’installation

Il est indispensable de s’installer le plus confortablement possible pour monter une voie : ce n’est pas forcément très agréable d’être pendu dans un baudrier pendant plus d’une heure, autant faire en sorte de ne pas avoir à se contorsionner en plus pour visser les prises ! En outre, plus on est à l’aise, moins on risque de faire tomber du matériel ou de mal visser une prise.

Pour cela, il faut :

ATTENTION !
Pour éviter tout risque de chute en cas de débrayage involontaire de l’autobloquant, faire des nœuds régulièrement sur la corde au cours de la montée.

L’astuce ! Il ne faut pas hésiter à se longer aux points des lignes parallèles à la vôtre pour être en face de la prise à visser sans se tordre le dos !

Le montage de la voie

Vous avez tout votre matériel à disposition, vous pouvez répondre aux 4 questions essentielles, et vous avez installé un périmètre de protection, votre corde et votre système d’assurage : vous êtes prêt !

La méthode préconisée lors de la première formation que les membres de Roc14 ont suivie pose un principe de base : il est nécessaire d’échanger avec d’autres grimpeurs pour monter une voie. Pour cela, il est proposé de respecter trois étapes.

1/ Installer des prises sur le mur rapidement (1h30 max) : le tramage
Il s’agit d’aller vite, et il n’est pas nécessaire de tester tous les mouvements lors de cette étape. A priori, les prises sont vissées en montant car c’est le plus naturel, mais il est aussi possible de partir d’un mouvement clé au milieu de la voie ou de commencer par le haut.

2/ Grimper et faire grimper une ou deux autres personnes dans la voie
L’objectif est de voir si la voie « fonctionne » : est-elle agréable à escalader, est-ce qu’il y a assez de pieds, est-ce qu’il y a trop de prises, est-ce que la voie est trop dure / trop facile… Il est important lors de cette phase de ne rien dire aux grimpeurs qui découvrent la voie pour ne pas les influencer.

Il est très difficile d’imposer des mouvements. L’objectif n’est donc pas que les grimpeurs fassent systématiquement ce qui a été imaginé par l’ouvreur (même si on tend tous à espérer cela) mais qu’ils se fassent plaisir !

3/ Faire des ajustements : le calage
Après avoir testé et fait tester la voie, les ajustements se font généralement à plusieurs grâce aux idées des uns et des autres. Il ne faut pas hésiter à passer du temps sur cette phase, les détails ont de l’importance. C’est aussi le moment de bien serrer les prises pour éviter qu’elles ne tournent, et de contrevisser les grosses prises qui le nécessitent.

Quels sont les avantages de procéder ainsi ?

En gros, le montage d’une voie devient une vraie partie de plaisir !

Ensuite, en respectant quelques principes, vous aurez toutes les chances de faire une jolie voie.

En général :

Le choix des prises :

La disposition des prises :

Voilà, vous avez les bases !

Ensuite, l’important est comme bien souvent de pratiquer. Il ne faut pas hésiter à essayer des choses différentes, tant dans le style de voie que dans la façon d’ouvrir.